II) Les combinaisons de natation
1) Début des combinaisons
Au début des années 90, les nageurs se contentent d’un maillot de bain et il faut encore attendre quelques années plus tard pour voir apparaitre les premières combinaisons. Elles vont progressivement remplacer les maillots de bain, moins confortables. C’est en 1996 pendant les Jeux Olympiques d’Atlanta que l’irlandaise Michelle Smith remporte la première médaille d’or vêtue d’une combinaison de la marque TYR.
Alexander Popov en 1990
En 1999, la mise sur le marché de tenues intégrales par Adidas puis Speedo fait polémique car elle permet un gain d'énergie par la réduction de la traînée et la compression du corps. Malgré cela, la FINA valide ses combinaisons car elles ne violent pas le règlement en vigueur. Les sportifs sont donc libres de porter ces combinaisons pour les compétitions internationales.
En 1999, une des premières combinaisons intégrales conçues par Speedo pour l'Australien Ian Thorpe.
2) Février 2008 : la LZR Racer
En février 2008, Speedo lance sa nouvelle combinaison : la LZR Racer. Elaborée en association avec la NASA et l’autralian Institute of Sport et présenté comme la « première entièrement assemblée et soudée par ultrasons » et reprenant les caractéristiques de la peau de requin. Les Jeux olympiques de Beijing qui suivirent furent un succès sans précédent pour la LZR Racer, avec 94% de toutes les courses de natation gagnées dans cette combinaison. Et un total de 23 sur 25 records du monde, ont été atteints par les nageurs en combinaison LZR.
Michael Phelps (Américain) et Eamon Sullivan (australien) au départ du 4x100 relais aux jeux olympiques de 2008.
- Maillot de requin ?
Quelques années plus tard, The Independent révèle que ce tissu, baptisé Fastskin, n’avait aucune des qualités de la peau de requin et qu’il s’agissait, en l’occurrence, d’une opération de marketing. En effet, des chercheurs de l’Université de Harvard se sont penchés sur la question et George Lauder, chercheur à Harvard est catégorique : «Cela ne ressemble en rien à une peau de requin. Les propriétés du tissu en question, que le fabricant qualifiait de biomimétiques, ne génèrent aucune vitesse supplémentaire. » Mais comment la combinaison permet-elle alors de telles performances ?
- Optimisation de la trainé
Speedo a fait appel aux centres d’essais de la Nasa pour concevoir la LZR Racer. La NASA possède les souffleries les plus performantes au monde. Utilisées habituellement pour étudier la friction sur les surfaces des matières (exemple : avions en vol ou de navette spatiale lors de retour sur terre).
- Des coutures soudées par ultrasons réduisent la trainée de friction de 6 % par rapport aux coutures classiques à fils ou tissées.
- Des plaques profilées intégrées dans la combinaison qui maintiennent le corps du nageur dans une position la plus hydrodynamique possible, le profilant pour une meilleure pénétration dans l’eau, réduisant de 24 % la traînée de la friction de la peau en comparaison avec les précédentes matières FastSkin. Ces plaques permettent aussi une meilleure efficacité lors de la reprise de respiration. Ainsi, le nageur peut se concentrer davantage sur son geste et sa technique.
- La matière
La combinaison est principalement composée de plaques de polyuréthane. Ce matériau est un polymère d’uréthane, molécule organique. Les polyuréthanes peuvent être fabriqués avec une grande variété de textures et de duretés en variant les monomères utilisées et en ajoutant d’autres substances. Les polyuréthanes sont utilisés dans les colles, mousses, roues mais aussi peintures. Ces caractéristiques hydrophobes lui permettent une meilleur flottabilité.
La LZR racer de Speedo. Elle est constituée de plaques de polyuréthane améliorant la flottabilité.
3) Réactions et suites
Fin 2008 des voix s’élèvent en faveur d’une règlementation des tenues alors que d’autres mettent en évidence un « dopage technologique » et des abus comme la superposition de deux combinaisons améliorant grandement la flottabilité. En 2009 la Fédération internationales de natation réagit en interdisant l’usage des combinaisons intégrales, ainsi que le port de deux combinaisons l’une sur l’autre et déclare :
« La FINA tient à rappeler que la natation est un sport dont l'essence est la performance physique du sportif, le principe le plus fondamental »
À l’été 2009, deux autres fabricants font un pas de plus en concevant des combinaisons 100% en polyuréthane. La FINA réagit en établissant la liste des maillots autorisés. La Jaked (qui est un maillot entièrement polyuréthane) obtient l’aval de la FINA. Cette décision est vivement critiquée et contestée. En août 2009, 43 records mondiaux ont été battus aux championnats du monde à Rome. La Fédération internationale de natation décide alors l’interdiction de combinaisons de haute technologie en 2010. À présent, ces tenues de course doivent non seulement être composées uniquement de matière « textile », mais elles ne doivent pas non plus dépasser le genou. Pour les hommes, elles ne doivent pas monter plus haut que le nombril.
Nageurs portant une combinaison Jaked lors des Championnats des États-Unis 2009 à Indianapolis. À droite, le Français Frédérick Bousquet
Règlementation
La règlementation des combinaisons est le 5e point évoqué dans le « règlement général » de la Fédération internationale de natation :
- La première règle demande aux nageurs que leur tenue respecte les normes et ne froisse aucunement les sensibilités (GR 5.1)
- La deuxième loi interdit la transparence (GR 5.2).
- La troisième loi stipule que la tenue d'un nageur doit comporter une ou deux pièces, qu'elle ne doit couvrir le corps au-delà du cou, des poignets et de la cheville Note 1. Elle précise en outre que le port d'accessoires prolongeant la combinaison au niveau des membres n'est pas autorisé (GR 5.3).
- Le quatrième point autorise les juges à exclure un nageur contrevenant aux règles précédemment évoquées (GR 5.4).
- La cinquième loi enjoint les confectionneurs de combinaison à soumettre toutes leurs innovations auprès de la FINA afin d'obtenir l'approbation de la fédération (GR 5.5).
conclusion
Pour conclure, je dirai que la volonté de la fédération internationale de natation d'interdire les combinaisons de haute technologie, montre que la FINA ne souhaite pas favoriser l’innovation technologique au sein de la natation.