I) Le cyclisme
On remarque aujourd’hui une grande évolution de la technologie au niveau du cyclisme, mais ces évolutions sont-elles toujours un progrès pour le sport ?
1. Matière et groupe
Le cyclisme est un sport où la qualité du matériel est très importante. En effet, dès les premières compétitions, les différentes équipes de vélo essaient d’améliorer la performance de leurs coureurs en optimisant au maximum le rapport puissance/masse.
Les premiers vélos de compétition (12.1kg)
les premiers vélos sont en Acier, matière pour l’époque la plus intéressante
Vélo Peugeot années 70 : 12,1 KG
-coût de fabrication faible
-résistant aux chocs
-lourd
-groupe, les vitesses se situent au niveau de cadre, ce que implique un défaut de sécurité
Année 2000 (Décathlon 9.8kg)
-début d'optimisation du poids avec fourche carbone mais on ne le maîtrise pas encore totalement
-cadre Aluminium, matière plus légère, et résistante aux chocs.
-groupe : sécurité, les vitesses se passent au niveau des manettes.
-efficacité, le changement de vitesses est plus rapide et précis.
Année 2013 (Giant 7.5kg)
Cadre entièrement en carbone :
-faible densité du carbone, léger (d=1,7 à 1,9)
-résistance à la traction/compression quand la quantité de fibres de carbone est nécessaire et qu’elles sont disposées correctement. Les fibres de carbone sont alors plus résistantes dans un sens que dans l’autre.
-mauvaise résistance à certains chocs
-groupe en Di2 : les dérailleurs avant et arrière fonctionnent électriquement. La performance est alors mise en avant, les vitesses se passent très rapidement. Il y aussi un gain d’énergie pour le coureur qui n’a plus à s’attarder sur un problème technique. L’UCI (Union Cyliste Internationale), en acceptant la mise en place du Di2, considère que cette innovation est un progrès pour le sport. En effet ce système électrique n’influe pas sur la capacité physique du coureur, contrairement à Cancellera qui avait triché lors du Paris-Roubaix, car il avait une assistance électrique cachée.
-prix élevé on n’en trouve pas en dessous de 1500€
-il s’abîme plus rapidement
Toutes ces innovations ont été homologuées, l’UCI les considère alors comme un progrès pour le cyclisme.
2. Des innovations refusées
On remarque cependant que toutes les innovations ne sont pas toujours un progrès pour le sport. Des innovations quelques fois marketing, ne présentant aucun gain de performance, de confort ou de praticité. Ou bien, au contraire, des innovations refusées par l’UCI, ne respectant pas les principes et les valeurs du cyclisme. C’est pour cela qu’un vélo doit répondre à des critères indispensables de sécurité, de performance, pour que le cyclisme ne devienne pas un autre sport.
-Cintre scott drop in
Greg Lemond utilisait un cintre présentant un appui supplémentaire en bas de celui-ci. Aucune photo de lui ne le représente utilisant cet appui. Innovation alors marketing, qui augmente même le poids du vélo.
-Tige de selle intégrée
Le serrage de la selle ne pouvant se réaliser entièrement en carbone, au risque de casser le cadre, est donc fait en aluminium (gains de poids). Certains scientifiques ont donc décidé de ne pas mettre de tige de selle, et de laisser l’ensemble de la structure en carbone. Innovation laissant de côté la praticité, qui peut cependant être efficace pour certains professionnels, qui changent de vélo chaque saison, progrès mettant un frein au troc, à la revente.
Tige de selle intégrée.
Il est difficile de considérer cette invention comme un progrès car elle ne concerne qu’une petite partie des cyclistes et qu’elle complique sa revente .
-Appui lombaire
Un appui supplémentaire au niveau de la selle était à l’époque autorisée, qui n’était alors pas suspecte de tricherie. Cependant cet appui produisait plus de puissance au niveau des pédales tout en offrant un meilleur aérodynamisme. Caractéristiques idéales à l’épreuve de contre la montre, où près de 30% de l’énergie du cycliste est perdue suite aux forces rencontrées par frottements avec l’air. Cet avantage a été rapidement détecté suite à l’efficacité démesurée de ce produit, notamment lors de la victoire de Thierry Marie et Luc Leblanc lors du prologue du Tour de France. Rapidement refusée par l’UCI cette innovation n’est donc pas considérée comme un progrès pour le sport.
selle avec appui lombaire
-La fourche hydraulique de Gilbert Duclos-Lassalle
Les normes UCI sont différentes selon les épreuves. Il n’est pas autorisé d’avoir un vélo de route sur une épreuve de piste, ni d’avoir un VTT lors d’une course sur route.
Ces normes ont plus précisément été élaborées après la victoire de Gilbert Duclos Lassalle lors du Paris-Roubaix en 1993(course sur route dont les difficultés se font sur les secteurs pavés). Cet athlète a utilisé une fourche hydraulique de VTT, et présentait donc un avantage considérable face aux autres coureurs. La course n’a alors plus d’originalité, qui est le principe même de son succès !
Fourche hydraulique de VTT.
3. Le Record de l'heure
Le record de l'heure est une épreuve du cyclisme qui se déroule généralement sur piste et qui consiste à parcourir la plus grande distance possible en une heure. Or l’évolution curieuse du record de l’heure illustre bien ces idées de progrès ou non d’innovations sportives. En effet, la technologie ne cesse de progresser qui implique de nouveaux records. Mais cette soif de performance ne devient-elle pas quelques fois une obsession, poussant parfois les coureurs à utiliser des méthodes contraires aux valeurs du cyclisme ?
- Histoire du record
En effet, de nombreux cyclistes tentent d’attraper le grâal depuis l’invention du vélo :
Moore lance cette mode en 1872, en parcourant 22,785 km, Doods parcourt quatre années plus tard 25,508 km, Henry Desgrange en 1893 parcourt 35,325 km. Faure réalise 45,055 km sur un vélo couché, record rapidement refusé par l’UCI qui en 1934 interdit l’utilisation de ce vélo. A l’époque une autre association, instaure des normes, la IHPVA ( International Human Power Vehicle Association), dont les règlementations plus souples ont permis une homologation de nombreux records : «conception de vélos est autorisé, pourvu que la propulsion soit entièrement humaine » On remarque alors la performance d’Eddy Merckx qui parcourt 49,431 km en 1972, battu peut après par Moser dont le record a été rapidement refusé. Suite à l’utilisation de sang neuf, et d’un prolongateur de cadre, qui n’étaient pas autorisés. Dominique Chignoli bat le record de France en parcourant 49,273km, Pierre Henry Manthéour bat le record en 1996 avec la position superman, en réalisant 52,543 km, et enfin Chris Boardman, effectue la distance de 56,375m .
Chris Boardman
- Normes pour l'avenir du cyclisme
Cependant l'UCI ajoute une nouvelle norme en 2000 qui supprime les exploits de Chignoli, Manthéour, et même Boardman : « tentative à moins de 600m, sur un cadre triangulaire, trois points d’appui, guidon de largeur minimale, roues à 16 rayons au minimum, jantes basses obligatoires et roues profilées interdites ».
Les performances réalisées sur des vélos différents ne sont pas homologués, mais la Performance de Chris Broadman est tout de même présente sur le guiness World record de l’année 2007.
Cette « nouvelle mode » montre de plus que la norme des années 2000 est un succès. En effet, elle redonne du sens à ce record, qui est désormais réalisé sur un vélo, et par un homme sain (contrôles dopage). Ces records restent difficiles à battre mais deviennent atteignables ! Ce qui explique l’intérêt qu’ont de nombreux cyclistes pour cette performance.
Le record revient alors à Merckx à partir de 2000. Il est battu en septembre 2014, par Jens Voigt qui parcourt 51,115km, coureur respecté du peloton, qui a parcouru près de 850 000km dans sa carrière, et qui achève sa carrière sur le titre le plus envié.
En tant que coureur modèle, Jens Voigt, a relancé cette mode du record de l’heure, de nombreux coureurs tentent de battre cette légende du cyclisme, tel que Matthias Brändle qui a réalisé 51,852 km. Il est aujourd’hui atttribué au coureur Australien Rohan Denis qui a parcouru 52,491km ce 18 février 2015, après qu’une nouvelle norme UCI soit mise en place cette année, autorisant l’utilisation des vélos de poursuite en piste.
Le record de France est attribué à Roger Rivière, 47,347km après la norme de 2000. Un coureur de la team Vulco (Vaux en Velin), s’apprête même à battre ce record de France le 11 avril prochain.
Conclusion :
Cet engouement pour le record de l’heure montre une obsession du progrès mais les innovations technologiques et médicales ne sont pas forcément un progrès pour le sport, vu le nombre de records effacés. On remarque cependant que ce sont la performance humaine et parfois même la recherche de simplicité qui ont fait avancer le sport et les records.